Forts de l’Esseillon : la Vallée de l’Arc et ses derniers remparts

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Surplombant la Vallée de l’Arc depuis bientôt 200 ans, les Forts de l’Esseillon constituent un témoignage exceptionnel de l’histoire savoyarde. Utilisés comme ligne de défense et d’intimidation contre les invasions françaises, ces remparts ont été réhabilités et classés monuments historiques.
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La vallée de l’Arc, un point stratégique en Savoie

En 1815, la France est condamnée à restituer la Savoie au Roi de Piémont-Sardaigne, Victor-Emmanuel Ier. Celui-ci se sert de l’indemnité de guerre versée par la France pour fortifier la barrière alpine et empêcher ainsi toute invasion française en direction de l’Italie.

Érigés au sommet d’une barrière naturelle de 1820 à 1850, les forts de l’Esseillon forment un rempart long de trois kilomètres et haut d’une centaine de mètres, entravant l’accès à la Haute-Maurienne et au col du Mont Cenis. Les 5 forts qui constituent cette barrière artificielle portent les noms de membres de la famille royale de Savoie. On trouve ainsi : la redoute Marie-Thérèse, le fort Victor-Emmanuel, le fort Charles-Félix, le fort Marie-Christine et le fort Charles-Albert, qui demeure inachevé.

Les 5 forts de la Vallée de l’Arc sont tous orientés vers l’ouest, afin d’intimider et de détourner le potentiel envahisseur français. En temps de paix, ces citadelles servaient à accueillir des garnisons de soldats et les prisonniers militaires. Rythmées par un quotidien assez austère, les journées au sein des forts se divisaient entre tours de garde et entraînements pour les soldats, qui vivaient dans un isolement quasi total, en particulier en hiver.

Quelques éléments permettent de mieux connaître le quotidien de ces soldats perchés à 1 500 m d’altitude. Si une chapelle, des écuries, des réservoirs d’eau et une boulangerie dotée de quelques fours leurs permettaient de tenir un siège de plus d’un mois, le ravitaillement en produits frais et en produits laitiers devait être fait depuis Aussois, une commune alors difficilement accessible et située au sud du Massif de la Vanoise.

De nombreux dessins et graffitis tracés par les soldats demeurent encore sur les murs et offrent un témoignage authentique de la vie de ces derniers dans les forts de l’Esseillon.

Déclin et réhabilitation des forts de l’Esseillon

L’année 1860 sonne l’heure de l’unification de la Savoie à la France, faisant ainsi perdre leur rôle de remparts de protection aux forts. Ironie de l’histoire, la Savoie est donc livrée à la France sans que les forts de l’Esseillon n’aient accueilli un seul combat.

Le fort Charles-Albert sera détruit intégralement, tandis que le fort Charles-Félix disparaîtra en partie. Les constructions restantes rejoignent les bâtiments de l’armée française et seront occupées pendant la seconde Guerre mondiale par des tirailleurs marocains qui laisseront les enseignes de leurs bataillons dessinés sur les murs en guise de témoignage.

Rachetées par les communes d’Aussois et d’Avrieux et classées monuments historiques, les fortifications de la Vallée de l’Arc ont été réhabilitées afin de permettre aux touristes de les découvrir librement à travers plusieurs parcours.

Pendant 4h, le « sentier des bâtisseurs » invite à découvrir la barrière fortifiée à l’aide de bornes pédagogiques disséminées tout au long du parcours. La « découverte du plateau d’Aussois » permet quant à elle de mieux comprendre la montagne alentour et les hommes qui y ont vécu et l’ont façonnée, le temps d’une promenade de 2h. La « promenade savoyarde de découverte » enfin est un parcours ludique et interactif pour découvrir la légende du jeune artilleur sarde qui plane sur les forts de l’Esseillon. Un petit sac à retirer auprès de l’Office du Tourisme sera d’une aide précieuse pour dénicher les indices cachés au cœur du fort Victor Emmanuel.

D’autres parcours permettent aux curieux de découvrir la richesse de la faune et de la flore de la région, tandis que les plus sportifs opteront pour un parcours d’escalade ou un itinéraire découverte en raquettes

Crédit photo : Florian Pépellin / CC