L’architecture typique des maisons à colombages alsaciennes

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Au milieu des vignobles, dans les centres historiques des villes ou dans les plaines alsaciennes, notre œil s’arrête sur l’un des emblèmes architecturaux de la région : les maisons à colombages. Pour nous, visiteurs d’un jour, ces maisons habillées de bois sont l’un des symboles de l’Alsace au même titre que les cigognes, les vêtements traditionnels si singuliers et la gastronomie aussi goûteuse que riche. Un patrimoine architectural qui a su traverser les époques, mais qui, aujourd’hui, semble en péril.

Qu’est-ce qu’une maison à colombages ?

Le colombage est une technique de construction qui a été développée au Moyen-Âge. Les prémices de cette technique remontent à l’antiquité romaine.

Il n’existe pas une, mais des maisons à colombages. Identifiées selon leur région et leur utilité, ces habitations traditionnelles ont cependant toutes en commun, deux éléments les différenciant des autres constructions :

  • Une ossature bois, constituée de pans de bois ;
  • Un hourdage, remplissage des espaces vides entre les poutres, qui s’effectue en briques, moellons, torchis ou plâtre selon que l’on se trouve en ville ou dans les campagnes. Ce hourdage solidifie et assure le maintien des fondations.

Un toit pentu en raison des conditions climatiques, revêtu de tuiles d’argile plates « en queue de castor », abrite des façades à colombages bien souvent ornées de symboles familiaux et/ou locaux : losanges, croix de Saint-André, « mann » autrement dit des bonhommes, le soleil ou la chaise curule. Sur les maisons à colombages les plus embourgeoisées, les pans de bois sont sculptés et moulurés, apportant ainsi une singularité à chacune d’elles.

Une architecture alsacienne traditionnelle et rurale

Cette architecture alsacienne a su s’imposer dans les villes, résister aux siècles et aux guerres. Avant leur apparition dans les villes, les maisons à colombages étaient représentatives du monde agricole et rural comme en témoignent les fermes ou les maisons de vignerons.

  • Les fermes

Qu’elles soient composées de plusieurs bâtiments indépendants organisés autour d’une cour, ou plus modestes formées d’un seul bloc regroupant logis, étable et grange, les fermes alsaciennes ont toutes en commun ces pans de bois si caractéristiques.

  • Les maisons des vignerons

Fabriquées en pierres et semi-enterrées ces maisons abritent au rez-de-chaussée la cave et le pressoir. Souvent exiguës, elles peuvent se composer de plusieurs étages à colombages, plus ou moins nombreux selon la richesse de la famille.

  • En montagne

Les maisons édifiées en un seul bloc regroupant habitation et étable, sont constituées de petites pièces adjacentes faciles à chauffer.

Alignées côte à côte, ces maisons typiques s’imposent dignement pour former des ruelles souvent étroites à la perspective infinie, que de nombreux artistes régionaux ont su mettre en valeur.  Les cours intérieures ne sont que rarement accessibles par la rue, privilégiant un huis clos chaleureux à l’image des logements habillés de bois, des escaliers aux planchers.

Le péril des maisons à colombages

Ces logements dans lesquels vivaient fermiers et vignerons, puis les citadins, disparaissent peu à peu au pays des cigognes ; environ 400 maisons à colombages alsaciennes s’effacent du paysage alsacien chaque année. Bruno de Butler, membre de l’Asma, Association pour la sauvegarde des maisons alsaciennes, craint que ces bâtisses ne soient sacrifiées : désintéressement de l’ancien, rénovation lourde et coûteuse, communes qui exercent leur droit de préemption afin de construire des parkings, lotissements ou logements sociaux. Ce patrimoine architectural et culturel reste tributaire de la bienveillance des associations et des maires qui se mobilisent pour le sauvegarder.  Selon Guy Macchi, président bénévole de l’Ecomusée d’Alsace, les maires sont pourtant les premiers responsables de cette extinction architecturale alsacienne.

Mais l’espoir demeure : Strasbourg privilégie la préservation plutôt que la démolition. Les colombages de la partie insulaire de la capitale européenne sont intouchables depuis leur classement au patrimoine mondial de l’Unesco en 1988.

Un signe qui laisse présager une prise de conscience pour les amoureux d’architecture et de culture alsacienne.